(FR – GB) Le blog de la famille Popineau

           drapeau_francais                                 Bonjour,

Ce blog est consacré à la généalogie des familles de Joseph POPINEAU, de Lucie CHABAUD, de Pascal TISSANIE et de Marie CHAUME, ascendants respectifs de Georges POPINEAU (1910-1977) et de Georgette TISSANIE (1906 – 2002), son épouse. Il se complète au fur et à mesure qu’aboutissent les recherches généalogiques menées par leurs descendants.

Vous pouvez y collaborer en me laissant un commentaire, une rectification, un article ou tous les documents (photos, par exemple) se rapportant à cette généalogie. Je me ferai un plaisir de les faire figurer. Pour cela, vous pouvez me contacter à mon adresse internet : jeanlouis.popineau@orange.fr

Pour vous orienter plus facilement sur le blog :

– afficher « branche ..…. » dans la fenêtre baptisée « catégories » (en haut à droite de cette page). Vous pourrez accéder aux différentes branches publiées qui correspondent à l’ascendance de l’auteur. Aujourd’hui, seules les branches Popineau, Chaume et Tissanié y figurent. La dernière (Chabaud) suivra rapidement.

– Chaque branche comporte une liste récapitulative des aïeux qui la composent et pour chacun d’eux a été établie séparément une notice biographique qui regroupe les données connues et vérifiées.

Vous pouvez accéder aux divers articles se rapportant de près ou de loin à ces aïeux, à leur environnement, à leur histoire et à celle de leurs familles, etc. Il vous faut afficher la rubrique « au sujet de » dans la fenêtre. C’est ce que j’appelle la « petite histoire ».

Enfin, si vous souhaitez avoir une vue complète et synthétique de l’arbre généalogique, rendez vous sur:

 https://gw.geneanet.org/popineau51_w?lang=fr&p=jean+louis&n=popineau&oc=0

Vous pouvez aussi vous abonner à ce blog et être prévenu de la parution de tout nouvel article en indiquant votre adresse internet en bas de cette page, dans la rubrique « souscrivez au blog ».

Sur ce, « bonne rencontre avec nos aïeux ! »

  • « Les peuples cessent de vivre quand ils cessent de se souvenir.»   Mal FOCH

_______________________________________________________________drapeau anglais  Trad. by Véronique Popineau.

Hello,

This blog is dedicated to the genealogy of the families of Joseph Popineau, Lucie Chabaud, Pascal Tissanié and Marie Chaume, respective ancestors of Georges POPINEAU (1910-1977) and Georgette TISSANIE (1906 – 2002), his wife. It will be fulfilled as and when genealogical researches – by their own descendants – come to a successful conclusion.

Do you know Jesse, Pete and Jake Popineau? They are (or were) Popineaus! But they live(d) in the United States and some of them are our « distant » cousins, distant by the nature of family ties as much as by distance. What twists and turns brought them there? To explain briefly, we’ll go back to our forebear Gilbert whose some descendants became Americans after many adventures… Finally, they are American but they could have been German!

You can participate by leaving me a comment, correction, article, or all documents (photos, for example) relating to this genealogy. I would be happy to include them. You can send me such documents at my web address:  jeanlouis.popineau@orange.fr

To help you to move more easily on the blog:

  •  In the dropdown menu « catégories » – top right of this page -, select “branche…”: you will reach the vØarious published branches of the author’s ancestry.
    Each branch has a checklist of its ancestors. And for each, a biographical sketch – with known and verified data – has been separately established.
  • In the same dropdown menu « catégories », select “au sujet de” and you will access the various articles about these near or far ancestors, their environment, their history and those of theirs families, etc. This is what I call the « little history ».

Finally, if you want a complete and synthetic view of the family tree, visit:
http://gw.geneanet.org/popineau51_w?lang=fr;pz=jean+louis;nz=popineau;ocz=0;p=jean+louis;n=popineau;type=tree

You can also subscribe to this blog and be notified whenever a new article is published: simply indicate your e-mail address at the bottom of this page, under the heading “souscrivez au blog”.

With this, “good meeting with our ancestors!”

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Le mariage de Pierre CHABAUD en 1768.


Il était très inhabituel de se marier en plein hiver quand on vivait au 18° siècle dans les montagnes d’Auvergne et surtout lorsque l’éloignement des futurs époux compliquait l’entreprise. Cela passait alors pour un défi au bon sens et pouvait devenir franchement dangereux (1). Pourtant, en 1768, cette véritable « aventure » fut tentée et réussie par notre ancêtre Pierre Chabaud qui partit épouser sa promise loin de son village natal. A vrai dire, ce défi présentait quelques contreparties suffisamment intéressantes pour être tenté …. Avec un brin d’imagination et les données trouvées dans les registres paroissiaux comme dans les travaux d’historiens régionaux, évoquons donc la préparation de ce mariage qui permit l’implantation de notre branche Chabaud à Compains.


Un mariage conforme à la coutume d’Auvergne…
… où l’on constate que ce ne fut pas qu’une question sentimentale.


L’union de Pierre Chabaud avec Marie Juillard eut donc lieu à Compains le jeudi 28 janvier 1768. Le marié, âgé d’une trentaine d’années, vivait à St Genés-Champespe (2) où ses parents – Jacques Chabaud et Anne Juillard – avaient été cultivateurs au lieu-dit Coussounoux. Ils étaient décédés quelques années avant le mariage de leur fils et c’est l’aîné des enfants – Etienne – qui selon la Coutume d’Auvergne avait été désigné comme bénéficiaire du patrimoine parental (3)(4). C’est ainsi que Pierre, ses frères et leur sœur furent amenés à quitter la ferme de Coussounoux pour s’établir chacun de leur côté. Le hasard, les circonstances, les liens familiaux les amenèrent à s’installer pour la plupart à Compains ou dans les environs

La future épouse de Pierre était Marie Juillard, habitant justement Compains où elle est née en 1744 (un 24 mai !). C’était la fille de Pierre Juillard et d’Antoinette Verdier, cultivateurs de ce bourg guère plus grand que Saint-Genès-Champespe. On ne sait si elle était apparentée avec Anne Julliard, la mère de son futur époux. C’est possible, d’autant plus que les Juillard comme les Chabaud étaient nombreux dans toutes les montagnes auvergnates. Mais les archives disponibles ne permettent pas vraiment de le savoir.

Or la future mariée se trouvait être l’ainée d’une fratrie très touchée par la mortalité infantile qui ne laissa survivre que trois frères beaucoup plus jeunes qu’elle. Le père de Marie avait conscience du risque que cela représentait pour la pérennité de son exploitation et celle de sa famille car son état de santé ne lui permettait plus d’exploiter son bien et, peut-être, eut-il le pressentiment de sa fin prochaine ? Selon la Coutume d’Auvergne, dans des cas semblables de nombreux parents instituaient alors comme héritier le garçon qui acceptait de se « faire gendre » en épousant leur fille aînée (5) et en apportant sa force de travail et souvent … un petit pécule. C’est ainsi que Pierre Chabaud fut “choisi” pour épouser la fille de Pierre Julliard et lui succéder à la tête de l’exploitation de Compains.

Une telle “transaction” était souvent consignée dans un acte notarié qui donnait avec force détails les conditions matérielles d’établissement des époux (en d’autres termes: « qui fournissait quoi ? »). Mais ces dispositions organisaient en même temps le maintien des parents sous le toit commun avec les jeunes mariés désormais en charge de la bonne marche de la ferme. Le contrat ainsi conclu était souvent très précis et pouvait aller de la place attribuée au coin de la cheminée jusqu’à la qualité et la quantité de nourriture, de bois de chauffage et le nombre de pièces de vêtement à fournir aux anciens jusqu’à leurs décès …

Malheureusement, les parents de Marie ne profitèrent pas longtemps de telles clauses protectrices.! Pierre Julliard mourut en 1769, une année après le mariage de sa fille et héritière. Quant à Antoinette Verdier, la mère de Marie, elle est décédée en 1771 (6).


Un mariage en forme d’expédition … polaire.

Les conditions du contrat étant  arrêtées, il ne restait plus au futur marié qu’à rejoindre sa promise, ses beaux-parents et un avenir prometteur de propriétaire et de chef de famille !  Pour rejoindre Compains il n’y avait pas de “route” mais des chemins et sentiers peu  praticables qui sillonnaient le plateau de l’Artense et le Cézallier. “Quand, ruinés par les intempéries, les chemins ne ressemblaient plus qu’à des sentes caillouteuses, on abandonnait les charrettes qu’on remplaçait par des animaux de bât. Au pire, on transportait à dos d’homme.” (7)

  A priori il n’y avait rien d’insurmontable  pour de solides montagnards… sauf que l’on était au mois de janvier et “d’évidence, on évitait de se déplacer durant la mauvaise saison, moment de léthargie générale en pays de montagne soumis à de fortes intempéries.” (7).  Et même si la chronique nous indique que l’hiver fut froid mais qu’il “ne fut pas long et ne présenta pas beaucoup de neige. » (sic!) (8), un long déplacement en cette saison exposait les plus intrépides à des risques aussi nombreux que variés.

Essayons d’imaginer le périple :

D’abord il n’était pas envisageable de s’aventurer seul. A cette occasion, Pierre était accompagné de ses futurs témoins, son frère Estienne et un neveu. Mais peut-être aussi d’autres proches parents ou amis. Muni de l’autorisation de mariage signée de son curé et sans laquelle la cérémonie n’était pas possible (9), ayant chargé le nécessaire pour le voyage et la cérémonie sur un ou deux mulets, le groupe se lança au cœur de l’immensité neigeuse du plateau où les vents soufflent en permanence et amoncellent la neige en congères difficiles à franchir. Difficile aussi la traversée des nombreux ruisseaux et les longs détours pour éviter les zones humides et les tourbières invisibles sous la neige. Après une douzaine de kilomètres, l’arrivée à Egliseneuve marquait la fin de la première étape car il n’était pas envisageable d’affronter la partie la plus accidentée du voyage dans la nuit obscure. Le groupe fit donc une halte pour se réchauffer et passer une nuit réparatrice, sans doute chez quelque parent ou ami.

 Le lendemain, pour suivre le sentier muletier en direction de Compains, le petit groupe dut affronter au départ une dénivelée importante pour atteindre la ligne de crête à 1100 m d’altitude.. L’ascension fut d’autant plus difficile que nos voyageurs n’avaient comme seuls « équipements » pour se prémunir du froid que des souliers agrémentés de guêtres de fabrication locale et une pelisse en laine de mouton recouvrant plusieurs couches de vêtements.

       Si on ignore précisément le parcours de cette seconde étape, on comprend vite en regardant la carte que le relief se révélait plus accidenté que la veille. Quel que soit l’itinéraire finalement choisi, il leur fallut parcourir une vingtaine de kilomètres de montées et descentes  plus ou moins raides et enneigées pour arriver à destination. Seuls  quelques bois  permettaient de s’abriter du vent en cours de route ! Faute d’itinéraire direct, le chemin le plus sécurisant passait près de quelques hameaux (Redondel, Espinchal, La Godivelle) et permettait la traversée d’une délicate zone de tourbières avant de descendre vers Compains via le hameau de Brion et la montagne de Barbesèche. Ce parcours représentait au bas mot une dizaine d’heures d’efforts et de dépense physique dans des conditions climatiques agressives et dangereuses. On imagine donc la joie et le soulagement de tous à l’arrivée à Compains (10).        

    Ce pénible voyage n’empêcha pas Pierre de se diriger dès le lendemain vers l’église voisine pour épouser Marie Juillard et pouvoir prendre possession de la ferme de son beau-père (11) . Les années suivantes apportèrent au couple trois enfants dont un garçon qui prit la succession de son père et fixa pour longtemps notre branche familiale à Compains .

Pierre et  son épouse Marie Julliard sont décédés à une semaine d’intervalle à Compains en septembre et octobre 1804.(12).

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Pour se repérer dans notre branche Chabaud de Compains :

Jacques CHABAUD (1674- …) marié à Anne JULLIARD (1678-1764)

     Pierre CHABAUD (~1734 – 1804) marié à Marie JULLIARD (1744 – 1804)                                                                                                                                                              

        Pierre CHABAUD (1783 – 1829) marié à Antoinette GIRON (~ 1777 – 1843)

              Pierre CHABAUD (1801-1867) marié à Françoise TARTIERE (1806-1855)

                   Louis CHABAUD (1839-1919)  marié à Marie DUMERGUE (1838-1915)

                       Lucie CHABAUD (1882-1968) marié à Joseph POPINEAU (1876-1950)

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(1) “ A Pâques on marie les ânes, à la Saint-Jean les bons enfants “  (proverbe auvergnat ?) .

(2) Village d’environ 700 habitants au 18°siècle (250 aujourd’hui ) sur le plateau de l’Artense, à la limite du Cantal et du Puy-de-Dôme. Le lieu-dit Coussounoux  se situait à 1,5 km à l’ouest du village de Saint-Genès-Champespe .

(3) “ l‘Auvergne fait partie de ce groupe de provinces, très minoritaires en France, qui appliquent le système du partage inégalitaire entre héritiers et privilégient généralement l’héritier unique ». Ce sont généralement les fils, et plus spécifiquement les aînés, qui en profitent. Ils assurent ainsi le maintien de l’oustau, c’est-à-dire la maison paternelle.” – Stéphane Gomis – “les fraternités de prêtres en France sous l’Ancien régime”  – Presses universitaires de Rennes – p 145-155 – 

(4) Structures familiales et coutumes d’héritage en France au XVIe siècle : système de la coutume [article] – Emmanuel Le Roy LadurieAnnales  Année 1972  27-4-5  pp. 825-846

(5) – « Aspect de l’émigration … en Auvergne au XVIII° s » – Revue d’histoire moderne et contemporaine – t. IX (1° trim 1962) – P.U.F – p 32

 »  lors de son mariage, l’usage dans les familles y est d’instituer par contrat comme héritier universel l’un des enfants, garçon ou fille, en stipulant qu’il sera tenu de dédommager sur les biens successifs de ses parents – les instituants – ses frères et soeurs pour des sommes dûment mentionnées dans l’acte et dites « constitution de légitimes ». Le fils ou le gendre ainsi gratifié demeure avec les instituants (ses parents) auquel il est amené à succéder, Il travaille avec eux et assurera l’exploitation après eux. A une époque où on vieillit vite et où les domestiques sont rares et onéreux, on comprend dès lors qu’il soit essentiel pour les exploitants de s’assurer un appui au cas où leurs fils naturels leur refuseraient et préféreraient les chemins de l’émigration temporaire. « 

(6) – décédée en 1771 à 45 ans, elle avait eu huit enfants.

(7)Compains, histoire d’un village du Cézallier” – A-M Boyer-Gouédard –         http://www.compains-cezallier.com/

(8) –  l’hiver 1767-1768 présente une température moyenne parmi les plus basses entre 1758 et 1778 (-0.6° de température  hivernale moyenne).ref =  http://la.climatologie.free.fr/nao/NAO.htm#negatif

(9) – l’autorisation de mariage est datée du 25 janvier et le mariage a eu lieu le 28 à Compains,                                                                                                                                                

(10) – Aujourd’hui, un guide propose de faire en 05h15 une randonnée équivalente à cette deuxième étape……mais en été et sur un sentier aménagé et balisé. Aujourd’hui, Egliseneuve est une petite station de sports d’hiver et propose des randonnées en raquettes.

(11) – la ferme était située à la sortie (Est) du village sur l’ancien chemin de La Ronzière (aujourd’hui RD 26). 

(12) – << dès la fin de l’été, les maladies épidémiques s’étendent pour atteindre leur point culminant en automne et il est bien certains que les médecins et l’opinion populaire, en les attribuant aux brouillards et “vapeurs méphitiques” exhalées par les marais stagnants et  les “rutoirs” à chanvre, négligent les causes efficientes >>.- Abel Poitrineau

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Sources = 

  • “la vie rurale en Basse-Auvergne au XVIII° Siècle : 1726-1789 “ par Abel Poitrineau – tome 1 – P.U.F – 1965

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Surnoms et sobriquets de nos ancêtres …

Jusqu’au XIX° siècle, la très faible mobilité de la population avait souvent pour résultat le regroupement géographique des membres d’une même branche familiale. On s’établissait rarement loin de son village d’origine. « Quant aux prénoms en usage, ils n’étaient guère très variés non plus, ce qui ne facilitait pas l’identification des personnes portant un même nom.  »  (1)                                                                                                                                   Pour mieux se différencier les uns des autres, nos ancêtres utilisaient alors un surnom (ou un sobriquet plus moqueur). Celui-ci  se rapportait généralement à un trait de l’apparence physique, du caractère ou de la personnalité. Il pouvait aussi se rapporter à une particularité de la situation  de l’intéressé comme son lieu d’habitation, sa famille d’origine, sa profession … Enfin, certains transmettaient leur surnom à leur descendance pour identifier celle-ci parmi les différentes branches familiales homonymes (2).                                                                                                                                                                                                           Hélas! l’usage de ces appellations est tombé en désuétude avec l’abandon des parlers locaux ou tout simplement parce que les prescriptions de l’état-civil interdirent leur retranscription (3). Ainsi, nous ne saurons jamais pourquoi  Jean Verdier était appelé « tayscay » en 1734 à Marsol !

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                J’ai trouvé dans les registres anciens de la région de Compains (Puy-de-Dôme) quelques surnoms ou sobriquets données à certains de nos (lointains) ancêtres et je vous les cite à titre d’exemple. Ainsi :

♦  L’auvergnat et agriculteur Jean Boyer (1654-1705) portait le surnom de « bargeon » dans son hameau de Marsol. Selon J. Tosti, ce surnom serait dérivé de l’ancien mot « barge » (une meule de foin, et par extension le fenil).                                                                                                                                                                                                                                                  ♦  JeaChandezon (~1630-1708), son compatriote de Belleguette était appelé « figue« . Ce qui est plus difficile à expliquer ! Surnom donné peut-être en référence avec la vieille expression « faire la figue » ?

♦  L’explication est plus simple concernant Pierre Julliard (1681-1753) appelé  « tombe le loup« ,  surnom célébrant l’exploit d’un aïeul et qui fut appliqué à plusieurs de ses descendants.                                                                                                                                                                                                                                                                                                         ♦  Par contre, Jean Raynaud  (1635-1715) était connu sous l’appellation de « boucheron »;  était-ce en rapport avec le métier de boucher ou celui de bûcheron  ? ou simplement faisait-on référence à un bosquet, un petit bois  ainsi nommés dans le patois ?

♦  De même, pourquoi donc Jean Eschavidre (1672-1743) fut-il surnommé « virou » ? était-ce lié à son métier de meunier et à la meule qui tourne ?

♦   Ses compatriotes appelaient  François Danglard (1703-1786)  « pagis« . Je suppose qu’ils faisaient ainsi référence à son état de paysan et à l’ancienne fête des pagis célébrée localement depuis le Moyen-Âge (4).

♦   Au village de Brion  comment distinguait-on dans la conversation  notre ancêtre  Jacques Verdier (1671-1733)  de son homonyme et voisin  Jacques Verdier ? On désignait simplement le premier sous l’appellation de « clair laboureur » tandis que le second était plus connu comme  « la payre » !

♦   Jean Vallon au début du XVI° s. était appelé  « rambaud » surnom dont l’origine est très incertaine, peut-être liée à une lointaine et hypothétique origine germanique.

♦   Parfois on joignait au nom de famille un autre patronyme ayant la même utilité qu’un surnom:  c’était celui de la famille dont était issu un aïeul. Ainsi notre Jean Morin (1656-1689)plus fréquemment appelé : Morin « nabeyrat » . A ne pas confondre avec les Morin « fuisse », les Morin « ducros » ou les Morin « tombeleloup » du même village …

♦   Pierre Martin  (1604-1658) et son fils Jean étaient-ils dans ce dernier cas avec leur  surnom de « bielle »  ?

♦   On utilisait  enfin une méthode plus classique pour distinguer les individus d’une même famille : on leur attribuait souvent les qualificatifs : « aîné », « l’ancien » ou « le jeune ». Ainsi en est-il de Claude George (1627-1658) dit « le jeune » au village d’Ambierle dans la Loire. D’autres étaient même dotés d’un prénom « d’usage courant » différent de leur prénom de baptême : ainsi en est-il de Halix Vernayre (1713-1769) communément appelée « Louise« . Pour quelle raison si ce n’est pour la différencier d’une autre Halix ?

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 Disparus les surnoms et sobriquets ? Disons que leur emploi souvent teinté de férocité dans la caricature médiatique contemporaine (« Flanby », « Iznogoud », « Dodo la Saumure »… ) s’est substitué à l’ancien usage de surnoms et sobriquets à la fonction utilitaire.                       Autres temps, autres moeurs …

===============================                                                                               (1) – G Lafuente – « Histoire du village de Norgeat-Miglos » – 2013                                                         http://norgeat-miglos.sitego.fr/surnoms-sobriquets.html                                                                                                                                                                                                                 (2) –  Si je cite surtout des ancêtres de notre branche auvergnate, c’est que les registres paroissiaux ou d’état-civil des autres régions  citent trop rarement ces surnoms parmi leurs actes.

(3) – on fixe généralement la création de l’état-civil à l’édit de Villers-Cotterêts en 1539 mais les règles d’enregistrement précises concernant les actes relevés par les curés de chaque paroisse datent de 1667 (Edit de Saint-Germain).

(4) -Revue-de-Haute-Auvergne – 1966  – tome 40 – p. 188                https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6570077w/f119.image.r=pagis?rk=107296;4          Un « roi », une « reine » et quelques « officiels » locaux présidaient cette fête. Notre François Danglard  en fût-il le roi ?

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Jean ECHAVIDRE dit « Virou » (1672-1743), un ascendant de Lucie CHABAUD.

On peut dire d’autres choses sur Jean ECHAVIDRE surnommé ‘Virou »(1) mais  je m’en tiendrai à la particularité qui fait de lui un de nos ancêtres à « triple titre ». Ce n’est pas exceptionnel mais je pense qu’il est le seul de notre ascendance à être dans ce cas. Quelques explications pour vous éclairer :

Nous sommes au tout début du 18° siècle, vers l’an 1700; Jean ECHAVIDRE  est « laboureur » à Marsol, un hameau  de la montagne auvergnate près de Compains et dans une région en proie à la misère endémique. Il vient d’épouser Toinette MARTIN, une compatriote avec laquelle il aura douze enfants, six garçons et six filles.

Trois de ces dernières nous intéressent : Catherine, née en 1700, Marguerite née en 1706 et Anne en 1709. Chacune se maria et fit souche soit à Compains soit dans les environs immédiats et elles laissèrent une bonne part de leur descendance respective implantée localement, jusqu’au milieu du 19° siècle.

°    °    °

Voyons le détail de ces trois branches :

 Catherine ECHAVIDRE vécut avec sa famille dans le village de Saint-Anastaise, près de Valbeleix, à quatre kilomètres de son village d’origine.

Catherine ECHAVIDRE (1700-1782) épousa Blaise CHAMPEIX (1694-1749)  d’où  :
Jean CHAMPEIX (~1719 –  >1782)  qui épousa Marie BERGER (1725-1745)  d’où :
Blaise CHAMPEIX  (1750-   )  qui épousa Antoinette MARQUEIX ( 1747-    ) d’où :
Françoise CHAMPEIX (1772-1848)  épouse de Jean DUMERGUE (1764-1846). dont :
Jean  DUMERGUE (1812-1888) –

♦ Marguerite, soeur de la précédente, vécut après son mariage à La Mayrand  petit  « village » natal de son mari  (2) :

Marguerite ECHAVIDRE (1706-1752) épousa  François PICHON (~1689-1759) d’où :
Blaise PICHON   qui épousa Charlotte MORIN (1739-   ) d’ où :
Antoine PICHON (1761-1809) qui épousa Marie VERDIER (1760-1834) d’où :
Anne PICHON (1789-1855)  épouse  d’Antoine MALLET (1786-1837) et qui donna naissance à :
Marie MALLET (1815-1899)

♦  Enfin Anne,  la sixième enfant de Jean « Virou » ECHAVIDRE, vécut au bourg de Compains comme une bonne part de sa descendance. Il est vrai qu’elle avait fait un « beau mariage » en épousant Jean MORIN, rejeton de la lignée des MORIN qui avait la charge de « procureur d’offices de la justice royale » de Compains (3). Voyons une partie de sa descendance :

Anne ECHAVIDRE (1709-1781) épouse Jean MORIN (1707-1761)  d’où :
Françoise MORIN (1745-1805) qui épousa François RAYNAUD (1749-1783)  d’où :
Marie RAYNAUD (1782-1816) épouse de Louis TARTIERE (1777 -1852) dont
Françoise TARTIERE (1806-1855) qui épouse Pierre CHABAUD (1801-1855) d’où
Louis CHABAUD (1839-1919)

°    °    °

Comme vous connaissez bien votre arbre généalogique, vous n’ignorez pas que  Jean DUMERGUE (1812-1888) issu de la branche de Catherine Echavidre épousa à La Mayrand le 13 mai 1835 la charmante Marie MALLET  (1815-1899) issue de la branche de Marguerie Echavidre. Ils eurent en 1838  une fille prénommée Marie dite « Marion ».       Et savez-vous qui donc épousa notre petite Marion Dumergue ?  Je vous le donne en mille : c’est effectivement notre solide Louis CHABAUD (1939-1919) issu de la branche d’Anne Echavidre.

Louis Chabaud et Marie Dumergue furent les parents de notre aïeule Lucie CHABAUD, l’épouse de Joseph POPINEAU (1876-1950), et c’est ainsi que nous pouvons remonter dans notre généalogie familiale jusqu’à Jean « Virou » Echavidre  par trois branches (des branchettes en l’occurrence) différentes !

CQFD.

 

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(1) : il est le fils de Jean ESCHAVIDRE (1651-1712)  cultivateur de Marsol déjà surnommé « Virou », et d’Isabeau TARTIERE (1646-1717) du village d’Egliseneuve-d’Entraigues.

(2) : s’il n’y a que quatre kms à vol d’oiseau entre Marsol et La Mayrand, il faut en faire une bonne douzaine par la route pour joindre les deux villages !

(3) : charge inamovible et héréditaire dans la justice de l’Ancien Régime et équivalente à celle de notre ministère public.

 

” …en cas de viduité, ledit futur époux donne de pension viagère a ladite future espouse pendant sa viduité tant seulement scavoir sa demeure dans sa maison du coté de la cheminée, son chauffage, son usage dans le jardin potager, une quartonée dort [jardin] à chanvre, la terre préparée pour ensepmencer un carton graine de lin, quattre chards de foin a prendre sur le plus clair et liquide de son bien, vingt livres de beurre…”
source : http://www.compains-cezallier.com/2797-2/le-lin-culture-des-montagnes-xviie-xviiie-s/
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(FR-GB) Petit conte …

Il était des milliers et des milliers de fois,
un homme qui était parti naître dans la grande ville.
Trois jours plus tard, sa maman l’emmena dans le village
où vécurent avant lui moult générations de ses ancêtres.
Pour respecter la tradition, il ne s’y maria pas, mais convola
dans celui où n’était pas née sa promise.
Ils s’installèrent au village où ne naquirent pas leurs enfants.
Après de longues années heureuses passées au village,
une sombre maladie le fit mourir à l’hôpital vraiment pas très proche.
Pour respecter ses dernières volontés, sa veuve le fit incinérer
et dispersa ses cendres dans la rivière du village où il aimait pêcher.

Moralité : Il n’a laissé aucune trace dans son village qu’il a tant aimé.

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PLAIDOYER pour le lieu de naissance affective, seule solution pour remédier à une catastrophe généalogique…

Brenouille, petit village de l’Oise n’a pris son essor qu’à la toute fin du siècle dernier passant de 426 âmes en 1978 à 2 081 en 2014.
La vie sociale y est bien développée et le journal trimestriel de la commune « LE P’TIT BRENOUILLOIS » y joue un rôle majeur de créateur de lien social. La rubrique « histoire de la commune » du dernier numéro daté d’août 2017 était consacrée à la biographie d’un biologiste de renommée nationale natif du village.
L’article, au demeurant fort intéressant et bien documenté, nous livra une anecdote qui nous interpella au plus haut point et déclencha chez nous un abîme de réflexions car ce biologiste, enfant du pays, né le 22 juin 1966, a la troublante particularité d’avoir été le dernier bébé venu au monde à Brenouille… !
De plus l’événement fut tout à fait fortuit et l’affaire ne fut pas simple car faute d’une voiture disponible pour conduire la maman à la maternité, ce fut le papa qui officia en l’absence du médecin.
Dans la décennie qui précéda cet ultime événement, Brenouille ne connu que 10 naissances à domicile alors qu’elles ont dépassé  la cinquantaine dans la première moitié du siècle.
Où accouche-t-on en France ?
De temps à autre les journaux nous font part des menaces de fermeture pesant sur une maternité dont le nombre d’accouchements est jugé insuffisant. De suppression en suppression, le nombre des établissements s’est réduit de façon drastique jusqu’à ne plus être que de 1000 de nos jours dont 16 seraient en sursis.
Seulement 1000 maternités pour 101 départements… Cela signifie qu’il n’existe plus que 879 communes en France où l’on peut naître !
Dans 9 départements il n’existe qu’une seule et unique ville où accoucher…
Ainsi dans le département des Pyrénées Orientales pourtant pourvu de 466 327 habitants, on ne peut être natif que de Perpignan
Nos villages, bourg et villes étaient des lieux de naissance culturels…
Aujourd’hui la grande majorité des enfants naissent à des kilomètres du lieu où ils vont vivre et se construire dans des villes avec lesquelles ils n’ont aucune attache familiale et aucun lien culturel. Beaucoup n’y remettront même jamais les pieds au cours de leur existence…
Certes l’acte technique de l’accouchement a été fondamentalement important, mais il s’inscrit maintenant dans le passé, tandis que le village ou la ville où se situe la maison familiale caractérise le présent et l’avenir ; le lieu de l’accouchement apparaît donc singulièrement dérisoire dans l’histoire de l’individu. Pourtant c’est ce détail infime, cette broutille, cette vétille, cette futilité qui a été choisi pour l’identifier à vie !!! Aujourd’hui ce critère est devenu totalement non pertinent et administrativement sans intérêt, donc manifestement obsolète. Pourquoi le faire perdurer ?
La solution existe : restitutio ad integrum !
L’accouchement hospitalier a certes magistralement résolu le problème de la mortalité néonatale, mais ce faisant, il a fait trois victimes :
  • 1) L’État dont le système d’identification des citoyens est devenu moins performant.
  • 2) Les communes spoliées de leurs enfants au profit des cités-accouchoirs.
  • 3) Les généalogistes des générations futures en compliquant singulièrement leurs recherches.
La solution existe : c’est le « restitutio ad integrum » , le retour à l’état antérieur qui donnait toutes satisfactions. Cette solution est remarquable de simplicité : exit le lieu de naissance effectif ; il suffit de lui substituer le lieu de la naissance affective, c’est-à-dire le village ou la ville de résidence de la famille et plus précisément de la mère.
La modification est techniquement simplissime : la déclaration se fera dorénavant au bureau de l’état-civil de la commune où réside la mère et non plus à celui où se situe la maternité.
Cette modification n’a aucune incidence financière et, ne coûtant rien, ne soulèvera aucune opposition de Bercy !

Lanceurs d’alerte : Marie-Claire ANCEL, Michel BAUMGARTH, Christophe Alexis GILOT https://www.histoire-genealogie.com/Exit-le-lieu-de-naissance-effective.

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Little tale …                                                                                                                                                                                                                                                                                                            Thousands and thousands times,                                                                                                      a man had gone to be born in the big city.                                                                                        Three days later, his mom took him to the village                                                                          Where many generations of his ancestors lived before him.                                                        To respect tradition, he did not get married there,                                                                        but in the village where his bride was not born.                                                                              They settled in that village where their children were not born.                                                  After many long happy years spent in the village,                                                                          a dark illness caused his death in a not very nearby hospital.                                                      To respect his last wishes, his widow had him cremated                                                               and scattered his ashes in the village river where he loved to fish.

Morality: He left no trace in his village that he loved so much.

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ADVOCACY of the emotional place of birth, the only solution to remedy à genealogical disaster …

Brenouille, a small village in the Oise, only took off at the very end of the las century, going from 426 souls in 1978 to 2,081 in 2014. Social life is well developped there and the quaterly newspaper of the commune « LE P’TIT BRENOUILLOIS » plays a major role in creating social ties.                                                                                                                                The « history of the town » section of the last issue, dated back to August 2017, was devoted to the biography of a nationally renowned biologist from the village. The article, for that matter very interesting et well documented, gave us an anecdote which challenged us to the highest point and triggered off an abyss of reflections : this biologist, child of the country, born on June 22nd, 1966, has the disturbing particularity of have been the last baby born in Brenouille …! In addition of the completely fortuitous event, this piece of business was not easy: for lack of an available car to take the mother to maternity hospital, the father had to officiate, in the absence of the doctor.                                                                          In the decade before this final event, Brenouille experienced only 10 home births when they were over 50 in the first half of the century.

Where do we give birth in France ?                                                                                         From time to time, the newspapers tell us about the threats of closure, weighing on a maternity hospital whose number of deliveries is considered insufficient. From deletion to deletion, the number  of establishments has nowadays reduced drastically to only 1,000  of which 16 have been given an extension. Only 1,000 maternity hospitals for 101 French departments … This means that you can be born in only 879 municipalities in France and in 9 departments you can give birth in only one city … Thus, in the department of the Pyrenees Orientales, however provided with 466 327 inhabiatants,  one can be native only from Perpignan.

Our villages, towns and cities were cultural birtplaces …                                              Today, the vast majority of children are born miles from where they will live and build themselves, in cities in which they have no family ties, nor cultural ties. Many of them will never even set foot there again in their lifetime.                                                                             Certainly, the technical act of childbirth was fundamentally important, but it is now part of the past while the village or town where the family home is located characterizes the present and the future; consequently, the place of delivery appears singularly derisory in the history of the individual.                                                                                                               Yet it is this tiny detail, this trifle, this trivia, this inanity that was chosen to identify a person for life ! ! ! Today, this criterion has become completely irrelevant and administratively inapropriate, therefore clearly obsolete. Why keep it going ?

The solution exists : « restitutio ad integrum  » !                                                Certainly, hospital delivery masterfully solved the problem of neonatal mortally, but in doing so , it claims three victims :                                                                                                      1) the State, whose citizen identification system has become less efficient.                                2) the municipalities, robbed of their chidren for the benefit of the birthing cities.                  3) genealogists of future generations, by singularly complicating their researches.

The solution exists : it is the « restitutio ad integrum », the return to the previous state which gave all satisfaction. This solution is remarkable for its simplicity: exit the actual place of birth; you hust have to replace it with the place of the emotional birth, that is to say the village or the city of residence of the family and, more precisely, of the mother.         The modification is technically very simple: the declaration will now be made at the civil status office of the municipality where the mother resides and no longer where the maternity hospital is located.                                                                                                              This change has no financial impact and costing nothing will not raise any opposition from Bercy !

Alert launchers :                                                                                                                                   Marie-Claire ANCEL,  Michel BAUMGARTH,  Christophe Alexis GILOT.

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La naissance cachée de Jean Dumergue (1812-1888).

 Jean Dumergue *  était natif du petit village du Valbeleix au coeur des monts d’Auvergne. Il a la particularité de ne pas figurer sur le registre des naissances de sa commune et donc de ne pas avoir eu d’existence légale jusqu’à la régularisation de sa situation, à l’âge adulte. Pourquoi cette absence alors que son acte de mariage en 1835 précise bien qu’il est né le 7 avril 1812 à Vauzelle, hameau perché à mille mètres d’altitude au dessus de Valbeleix ?  Tout laisse croire à une erreur matérielle ou administrative …

Mais parmi les actes établis au cours des années précédentes on découvre la probable raison de cette absence. Voici ce qu’écrit en fin d’année 1806 le maire du Valbeleix sur le registre communal des naissances :

Arch. dép 63 – Valbeleix (an XI-1812 – page 18)

« fin du registre des actes de naissance de la commune du Valbeleix année mil huit cent six qui sont au nombre de vingt-un. Sur laquelle le maire a l’honneur de vous dire qu’il y en a d’autre qui nont point fait de déclaration de leur enfant après quil ont été né. ils ont dit que sil n’y avait point d’actes ils ne seront point portés sur la clase des conscrit à cette année. qu’il y a quatre ou cinq garçon que l’on a point la déclaration pour cela. fait (le) douze mars mil huit cent sept « .

°    °    °

Ainsi, l’absence d’inscription sur le registre officiel ferait suite au refus des parents de déclarer sa naissance dans le souci de « préserver » le nouveau-né de toutes futures obligations légales et en particulier de ses obligations militaires. Si aujourd’hui ce raisonnement peut paraître naïf il faut le replacer dans son contexte et comprendre ce que révèle un tel refus qui durera jusqu’au début du XXème siècle :

  tout d’abord, les populations rurales d’Auvergne furent longtemps « réfractaires à toutes formes  » de recrutement (1). Les raisons sont à chercher dans les modes d’enrôlement : que ce soit le tirage au sort pour la milice de l’Ancien Régime ou les levées en masse de la période révolutionnaire.  En 1812, à l’époque de la naissance de Jean Dumergue, l’armée impériale de Napoléon réclamait de plus en plus de soldats. Or, avait été adopté un système de recrutement inégalitaire fondé sur un tirage au sort auquel s’ajoutait à la fois une possibilité de se faire officiellement remplacer moyennant finance ainsi que l’existence de nombreuses exemptions. Au final, le poids de la conscription reposait en grande partie sur les catégories les plus modestes de la population, très remontées contre l’injustice de ces différents systèmes.

  ensuite, le départ des jeunes auvergnats au nom de principes et d’idées nouvelles imposées par la Révolution et l’Empire « se heurtait (…)  à de terribles pesanteurs culturelles : le poids des traditions, la force des habitudes, l’immobilisme des mentalités » (2). En cause :    l’isolement géographique de nombreuses familles auvergnates dispersées dans la montagne en une multitude de petits villages, hameaux ou fermes isolées et souvent difficiles d’accès. Evidemment, cela ne pouvait favoriser la propagation des idées nouvelles dans la population.

  enfin, le départ aux armées entraînait la rupture du fragile équilibre économique des familles qui reposait sur la migration annuelle d’une grande partie de la population masculine  (3). L’essentiel des ressources familiales provenant de cette migration annuelle, ne plus partir signifiait un surcroît de pauvreté familiale durant plusieurs années auquel s’ajoutait le risque de ne pas voir le soldat rentrer chez lui à la fin de sa période de conscription. D’où la tentation très grande d’utiliser tous les moyens possibles pour échapper à cette obligation militaire : l’absence au tirage au sort, la fuite et le refuge en montagne, la désertion, l’exil … ou la non-déclaration à la naissance. Toutes cela avec la complicité d’une grande partie des habitants qui apportaient aide et secours aux insoumis.

                                                                       °     °     °                                                                         L’omission de déclaration des naissances fut généralement régularisée par une décision judiciaire, parfois retranscrite dans le registre d’état-civil. N’écartons pas cependant les autres raisons pour expliquer l’absence de déclaration de naissance. En effet, on découvre en 1816 que la soeur de Jean Dumergue fut déclarée en mairie par trois voisins en lieu et place du père. La déclaration est datée du 31 juin (!)  mais ne précise pas le jour de naissance de l’enfant . . . Alors : volonté délibérée, négligence ou absence du père ?

                                                                        °     °     °

*      Jean était le fils cadet de Jean DUMERGUE (1764-1846) cultivateur originaire du hameau de Vauzelle  et de Françoise CHAMPEIX (1772-1848), native du hameau voisin de La Chavade.  Leur fils est né en 1812 bien que non-inscrit à l’état-civil. Il se maria en 1835 avec Marie MALLET, originaire du village de La Mayrand. Le couple vécut dans le village d’origine de l’épouse pendant quelques années avant que Jean ne devienne métayer sur le domaine voisin du Rocquet puis sur celui de Réfrenssac (commune de Dauzat-sur-Vodable). C’est à Dauzat que Marie, la deuxième fille de Jean  (et mon AAGm) épousa Louis CHABAUD du village de Compains. Vers 1880, Jean DUMERGUE et son épouse revinrent s’installer comme propriétaires  à La Mayrand avec trois de leurs enfants.                                                                       Jean mourut le 14 octobre 1888, à l’âge de 76 ans et Françoise le suivit deux ans plus tard.

Jean DUMERGUE (1812-1888)           & 1835           Marie  MALLET (1815-1899)
      Marie DUMERGUE  (1838-1915)                 & 1864              Louis  CHABAUD   1839-1919)
                Lucie CHABAUD  (1882-1968)                   & 1909              Joseph POPINEAU (1876-1950)

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Sources =

 1 – Bernard Vandeplas  – op.cit – (parag. 15)                                                                                    2 – Philippe Daumas -op. cit. (parag. 1)                                                                                            3 – voir l’article « Peilharot de Compains » sur ce blog.                                                                                                                                    

Pour en savoir plus ….

  •   Bernard Vandeplas , « Le problème de la conscription dans la première moitié du xixe siècle : un refus de l’identité nationale ? L’exemple cantalien «                                               Annales historiques de la Révolution française – n° 329 –https://journals.openedition.org/ahrf/669?lang=en )
  • Eugen WEBER, La fin des terroirs : la modernisation de la France rurale 1870-1914, Paris,  éd. Fayard, 1983,  844 p.
  • Philippe Daumas, « Familles en révolution (1775-1825). Recherches sur les comportements familiaux des populations rurales d’Île-de-France, de l’Ancien Régime à la Restauration » – Annales historiques de la Révolution française – n° 329 – p. 161-168    https://journals.openedition.org/ahrf/654
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